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Aïe ! pourquoi un tel titre ? Version courte : vous ne seriez pas en train de lire ces lignes sinon :-). Version longue : L'usage du parler en langues, dans l'église d'aujourd'hui, est l'exemple le plus flagrant de l'écart existant entre les recommandations des écritures et les diverses pratiques dans les lieux de cultes. Voyons ensemble pourquoi.

Tout commence dans l'Ancienne Alliance.[1]

Et il arrivera après ces choses que je répandrai mon Esprit sur toute chair; et vos fils et vos filles prophétiseront; vos vieillards songeront des songes, et vos jeunes gens verront des visions. (Joel 2:28)

Cette promesse se concrétise dans la Nouvelle Alliance :

Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et commencèrent à parler des langues étrangères selon que l'Esprit les faisait parler. 5 Or il y avait à Jérusalem des Juifs qui y séjournaient, hommes dévôts, de toute nation qui est sous le ciel. (Actes 2:4-5 FMAR)

Donc Dieu promet. Comme il est le Dieu de la promesse, elle arrive cette promesse ! Et l'une de ses manifestations est bluffante. Des gens parlent dans des langues qu'ils n'ont jamais apprises !

Et cela prend de l'ampleur dans la région. Lorsqu'un phénomène prend de l'ampleur, il y a toujours des déborderments à la marge. De fait, Paul, Apôtre de Jésus-Christ, dont la réputation (et l'autorité à cet instant) n'est plus à faire, propose quelques règles. Je vous laisse lire la première épître aux Corinthiens, Chapitre 14.

Je résume ici quelques recommandations avec quelques commentaires :

Une première recommandation :


Prier pour la traduction des langues à des fins d'édification

Ainsi puisque vous désirez avec ardeur des dons spirituels, cherchez d'en avoir abondamment pour l'édification de l'Eglise. 13 C'est pourquoi que celui qui parle une Langue [inconnue], prie de telle sorte qu'il interprète. 14 Car si je prie en une Langue [inconnue], mon esprit prie, mais l'intelligence que j'en ai, est sans fruit. ( 1Cor 14:12-14 FMAR)

"l'intelligence que j'en ai, est sans fruit...". La prière dans l'assemblée se doit, a priori, d'être intelligible. Pour une raison simple qu'il évoque juste après : l'édification mutuelle.

A quoi bon avec un contact avec le ciel si le résultat n'est pas tangible sur la terre ?

Mais j'aime mieux prononcer dans l'Eglise cinq paroles d'une manière à être entendu, afin que j'instruise aussi les autres, que dix mille paroles en une Langue [inconnue]. (v 19)

Une deuxième recommandation :

Penser à ceux qui visitent l'église et ne pas rappeler la malédiction de Babel

C’est pourquoi les Langues sont pour un signe, non point aux croyants, mais aux infidèles; la prophétie, au contraire, [est un signe] non point aux infidèles, mais aux croyants. Si donc toute l'Eglise s'assemble en un [corps], et que tous parlent des Langues [étrangères], et qu'il entre des gens du commun, ou des infidèles, ne diront-ils pas que vous êtes hors du sens? 24 Mais si tous prophétisent, et qu'il entre quelque infidèle, ou quelqu'un du commun, il est convaincu par tous, et il est jugé de tous. 25 Et ainsi les secrets de son coeur sont manifestés, de sorte qu'il se jettera sur sa face, et adorera Dieu, et il publiera que Dieu est véritablement parmi vous. (1Cor 14:22-25 FMAR)

A première vue il y a une contradiction ici. Je la fais en version courte :

Les Langues sont un signe pour les incroyants. Mais il ne faut pas parler en langues en présence des incroyants mais préférer la prophétie qui révèle le coeur des incroyants.

Mon épouse et moi avons débattus de ce point lors d'une de nos études bibliques. Et nous sommes remontés jusqu'à la tour de Babel. Les chapitres 9 et 11 de la Génèse nous ont donnés un éclairage particulier.

Dans le chapitre 9 Dieu dit :

Et Dieu bénit Noé, et ses fils, et leur dit : Foisonnez, et multipliez, et remplissez la terre. (Gen 9,1 FMAR)
Vous donc, foisonnez, multipliez, croissez [en toute abondance] sur la terre, et multipliez sur elle. (Gen 9:7 FMAR)

Noé et les siens (sur plusieurs générations) obtempèrent jusqu'à ce que nous lisions dans le chapitre 11 :

1 Alors toute la terre avait un même langage, et une même parole. [...] 4 Or ça, bâtissons-nous une ville, et une tour de laquelle le sommet soit jusqu'aux cieux; et acquérons-nous de la réputation, de peur que nous ne soyons dispersés sur toute la terre.[...] 6 Et l'Eternel dit : Voici, ce n'est qu'un seul et même peuple, ils ont un même langage, et ils commencent à travailler; et maintenant rien ne les empêchera d'exécuter ce qu'ils ont projeté. 7 Or ça, descendons, et confondons là leur langage, afin qu'ils n'entendent point le langage l'un de l'autre.

A priori, de ce que nous pouvons comprendre, l'ordre de Dieu était de remplir la terre, non
pas de se fixer. Encore moins de chercher à se rapprocher du ciel (syndrôme post traumatique du jardin, Dieu a-t-il vraiment dit ? En fait, il veut garder la puissance pour lui....).

En clair, désobéissance ! Et la conséquence de cette désobéissance : "confondons là leur langage, afin qu'ils n'entendent point le langage l'un de l'autre".

La confusion des langues a été ici une malédiction, un jugement de Dieu sur eux. Il n'y avait plus un seul corps, mais plusieurs entités qui parlaient des langues différentes. Plus d'intérêts commun, mais des intérêts multiples.

Le fait de se comprendre, de parler la même langue renforce l'unité, la notion de corps, de nation, d'identité commune. L'expression ici (dans ce contexte) de la faveur de Dieu.

Cela pourrait donner alors un éclairage nouveau à ce passage. Quand toute l'église parle en langue dans le brouhaha, ce n'est rien de moins qu'un rappel de la malédiction de Babel. Le signe du jugement de Dieu pour les incroyants. Or l'église n'est plus sous cette malédiction !

En parlant de manière à ce que tout le monde comprenne, l'on manifeste l'unité du corps de Christ, la faveur de Dieu.

Une troisième recommandation :


Que les choses se fassent dans l'ordre et avec bon sens

Et si quelqu'un parle une Langue [inconnue], que cela se fasse par deux, ou tout au plus par trois, et cela par tour; mais qu'il y en ait un qui interprète. 28 Que s'il n'y a point d'interprète, que [cet homme] se taise dans l'Eglise, et qu'il parle à soi-même, et à Dieu. (1Cor 14:27-28 FMAR)

Ce qu'il faut avant tout retenir ici c'est le bon sens (implicite) exprimé par Paul. Que pourrions-nous retenir de 15 personnes dont le parler en langues à été traduit pour l'édification ?

Le cerveau d'un adulte a une faculté de concentration de 15 à 20mn. Cela veut dire que c'est le temps où le cerveau peut retenir efficacement ce qu'il entend. Au delà, c'est de la perte sèche...

L'autre point de bon sens : sans interprétation, prier en langue dans son for intérieur ou à voix basse ("qui'l parle à soi-même, et à Dieu "). La conséquence directe que je vois à ce point particulier c'est qu'il met tous les chrétiens sur un pied d'égalité. Il n'y a pas ceux qui parlent en langues (les super-chrétiens) de ceux qui ne parlent pas en langue (les chrétiens lambdas).

Je vous laisse donc ici à l'examen de cette pratique dans votre assemblée avec ces 2 versets :

Examinez toute chose et retenez ce qui est bon. (1Thess 5:21)
Tout ce qui n'est pas le fruit d'une conviction est péché. (Rom 14:23)

Soyez béni(e)s.

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